Obama pousse sa réforme de l'assurance-maladie

Le coût d'une couverture médicale universelle est estimé à au moins 600 milliards de dollars, provoquant l'opposition des républicains et l'embarras des démocrates.

Barack Obama fait de la réforme de l'assurance-maladie une question de principe (c'est «un impératif moral», dit-il) et une question de bonne gestion (les frais de santé représentent «90 % de la hausse des coûts des programmes sociaux»). Le président américain laisse au Congrès le soin d'en négocier le détail, mais il veut cette réforme - et vite.

La Maison-Blanche a déployé ses armes de campagne permanente : deux messages présidentiels, des entretiens accordés aux médias nationaux et, au début de la semaine, un «forum» sur la réforme dans la banlieue de Washington. Les questions du public ont permis au président de recadrer les éléments clés de son projet : assurance pour tous, avec la création d'une option publique ; élimination de la clause dite de «la condition préexistante» au nom de laquelle les compagnies refusent d'assurer une personne souffrant d'une maladie chronique ou d'un cancer ; promotion de la médecine préventive.

La réforme sera chère, mais l'Administration Obama estime qu'elle permettra d'économiser sur les programmes existants l'équivalent des deux tiers de son coût. Les sommes concernées «sont déjà dépensées pour la santé, dit le président, mais à mauvais escient». Les premiers chiffres publiés par le Congressional Budget Office ont déclenché une polémique sur le coût réel de la réforme (600 milliards de dollars ou près du double sur dix ans ?) et son ampleur (97 % de la population sera-t-elle assurée, ou y aura-t-il toujours des millions de laissés-pour-compte ?)

Vote avant les vacances

Les républicains se sont emparés des estimations les plus élevées pour mener campagne contre la création d'une assurance-maladie publique, avec un certain succès. En effet, si une majorité écrasante d'Américains souhaitent une réforme, le soutien s'étiole dès que le spectre d'un système national, à la canadienne ou à l'anglaise, est évoqué. Ces divisions se reflètent jusque dans les rangs du Parti démocrate, dont l'aile modérée menaçait de rejeter toute création d'un système public de protection. Paradoxe apparent : cette idée est soutenue par de grandes entreprises, comme le géant de la distribution Wal-Mart, qui pourrait ainsi se dégager de l'obligation de fournir une assurance privée à son personnel.

La proposition de Barack Obama vient d'être mise en forme dans une nouvelle version d'un projet de loi présenté jeudi par ses alliés démocrates au Congrès. Le texte, qui doit être débattu avant les vacances parlementaires, vise à garantir que les employeurs offrent l'assurance-maladie à leurs employés ou cotisent pour la création d'une assurance publique, en compétition avec le secteur privé.

Instruite par le fiasco de la réforme diligentée par Hillary Clinton en 1993, l'Administration Obama ne s'investit pas trop dans le débat et, surtout, souligne qu'elle laisse en place les éléments du système actuel, dont une partie de la population est satisfaite. Son but principal est d'inclure dans le système les quelque 50 millions d'Américains qui vivent sans aucune assurance-maladie et qui, en dernier recours, s'adressent aux services d'urgence - une solution coûteuse pour la collectivité. Les programmes fédéraux ne concernent en effet que les personnes les plus défavorisées (Medicaid) ou les personnes âgées (Medicare). Pour les autres, le système repose sur l'employeur ou l'assurance individuelle, mais la hausse vertigineuse des coûts de l'assurance privée (qui ont plus que doublé en dix ans) explique que de plus en plus de patrons disent ne plus pouvoir offrir cet avantage.

New York, Nathalie Mattheiem
03/07/2009 Le Figaro.fr