La droite espagnole dit avoir été espionnée par le pouvoir



'affrontement entre les socialistes, au pouvoir en Espagne, et les conservateurs du Parti populaire (PP) tourne à l'aigre. Les dirigeants du PP accusent le gouvernement de les avoir espionnés à travers des écoutes téléphoniques illégales. Mardi 11 août, le chef de l'opposition, Mariano Rajoy, a rendu responsable José Luis Rodriguez Zapatero, le président du gouvernement, "d'une inquisition policière et judiciaire" contre le PP. Il a dénoncé des "arrestations télévisées", des "procès parallèles" et des "violations du secret de l'instruction indignes d'une démocratie moderne". Quelques jours auparavant, sa secrétaire générale, Maria Dolores de Cospedal, avait accusé les socialistes d'avoir espionné les conversations téléphoniques de "plusieurs responsables du Parti populaire". "Persécuter l'opposition est la marque d'un système antidémocratique", avait-elle ajouté.

D'où provient cette agitation ? Depuis quelques mois, plusieurs élus du PP ont été impliqués dans des enquêtes de corruption, connues sous le nom de l'affaire Gürtel, et qui touchent les régions de Madrid et de Valence. Depuis, la presse égrène quotidiennement les ingrédients de ce feuilleton à rebondissements.

Début août, la justice a disculpé Francisco Camps, président du gouvernement régional de Valence et l'un des hommes forts du PP, un temps soupçonné de s'être fait offrir des costumes par un entrepreneur en échange de contrats. La polémique a rebondi lorsque la vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a elle-même annoncé, avant le parquet, qu'il serait fait appel de ce non-lieu.

Le PP n'était pas pour autant tiré d'affaire : fin juillet, son trésorier national, le sénateur Luis Barcenas, soupçonné d'enrichissement personnel, a dû démissionner. Puis, à Palma de Majorque, où une autre enquête pour corruption a été ouverte, des élus conservateurs ont été arrêtés menottes aux poignets, contrairement aux ordres. Le ministère de l'intérieur a lancé une enquête.

Le ministre de l'intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, s'est chargé de répliquer. Mardi, il a qualifié les accusations des chefs du Parti populaire d'"infamies gravissimes" qui viseraient "à occulter ses problèmes de corruption". "Accuser le gouvernement (...) de persécuter et d'espionner l'opposition (se fait) devant les tribunaux et avec des preuves, pas depuis une plage", a-t-il ajouté.

De fait, personne au PP n'a, pour l'heure, présenté de preuves de ces écoutes illégales ni porté plainte. - (Intérim.)