Silvio Berlusconi après son agression : "Je suis encore là, et ils ne m'arrêteront pas"




Silvio Berlusconi devait rester en observation à l'hôpital San Raffaele de Milan, lundi 14 décembre, après l'agression dont il a été victime, la veille, dans la capitale lombarde, après un meeting. Un homme de 42 ans, Massimo Tartaglia, suivi depuis une dizaine d'années pour des problèmes psychiatriques et sans antécédents judiciaires, a lancé une reproduction miniature du dôme de Milan au visage du président du conseil. Selon un premier bilan, M. Berlusconi a perdu des dents et souffre d'une fracture du nez. Son agresseur a été arrêté. Le chef de l'exécutif avait été victime d'une agression sans gravité en janvier 2005, à Rome.


Les proches de Silvio Berlusconi ont voulu faire du geste de Massimo Tartaglia - condamné par tous les bords politiques - la conséquence de la "longue campagne de haine" conduite contre le chef du gouvernement. Pour Ignazio La Russa, ministre de la défense, "quand on se permet de haïr et de criminaliser quelqu'un, il n'y a qu'un pas de la parole aux faits".

De fait, le climat politique est extrêmement tendu en Italie. Depuis le printemps et la révélation dans la presse de scandales touchant à la vie privée du "Cavaliere", le débat public tourne quasi exclusivement autour des problèmes personnels, politiques et judiciaires du premier ministre.

La perte de son immunité judiciaire, la réouverture de deux procès à Milan où il doit faire face à l'imputation de corruption et de fraude, les tensions dans la majorité ainsi que les déclarations d'un mafieux repenti accusant le président du conseil de liens avec Cosa Nostra l'ont conduit à user d'un ton de plus en plus violent et provocant à l'encontre de la presse, des magistrats et de l'opposition, accusés de "menées subversives".

Dimanche à Milan, M. Berlusconi entendait répondre aux 350 000 manifestants qui, la semaine précédente à Rome, avaient réclamé sa démission. Il a pris pour cible la gauche qui sème "la haine et l'envie", les médias qui répandent "mensonges et calomnies" et les "juges politisés". Interrompu un instant par une vingtaine de contestataires qui l'ont traité de "bouffon", M. Berlusconi les a fait conspuer par la foule en répétant : "Honte à vous !" "La gauche veut faire de moi un monstre, a-t-il dit. Mais je ne suis pas un monstre parce que je suis beau et que je suis un bon garçon." Jeudi, à Bonn, lors d'une réunion du Parti populaire européen (PPE), il s'était vanté d'être, "heureusement pour l'Italie", un premier ministre "qui a des c... "

Selon les agences de presse italiennes, M. Berlusconi a exprimé son "amertume" après l'agression. "Tous devraient comprendre qu'il n'est pas possible d'outrager le président du conseil. Il en va de la défense des institutions. Mais je suis encore là, et ils ne m'arrêteront pas."

Source: www.lemonde.fr