Les Européens changent leurs modes de consommation


L'Observatoire Cetelem montre que la crise a changé les habitudes. Les Français et leurs voisins sont décidés à consommer moins mais différemment. Le bio et le marché de l'occasion en profitent.

La crise a «durablement» changé les habitudes de consommation de la majorité des Européens (64 %) selon la dernière enquête de l'Observatoire Cetelem publiée jeudi. «Elle a engendré chez les Européens des comportements rationnels : ils sont devenus plus prudents dans leurs achats, ont arbitré dans leurs dépenses et ont augmenté leur épargne», résume Flavien Neuvy, responsable de l'Observatoire qui a interrogé 8 000 personnes dans douze pays fin 2009.


Ainsi, même si le moral des personnes sondées est légèrement remonté, nombre d'entre elles resteront prudentes cette année et préfèrent épargner que consommer. Les Européens de l'Est sont les seuls à avoir l'intention d'augmenter leurs dépenses de consommation.

Face aux nombreuses incertitudes qui pèsent sur la sortie de crise et à la montée du chômage, de nombreux ménages (34 %) souhaitent reconstituer leur bas de laine, afin de faire face à d'éventuels coups durs (contre 22 % un an plus tôt). C'est particulièrement vrai dans les grands pays d'Europe du Sud (Espagne, Italie et Portugal).

Les Français, très prudents par nature, sont plutôt hésitants. «Ils prévoient un niveau d'épargne (30 %) comparable à celui de leurs dépenses», souligne l'enquête de Cetelem.

Vivre mieux
La crise a accéléré la mutation des modes de consommation. «Ils ne veulent pas consommer moins, mais mieux. L'heure est au mieux-vivre. Les ménages veulent retrouver le juste prix et la qualité», souligne Flavien Neuvy. D'où l'engouement pour les produits bio. Plus d'un tiers des Européens (38 %) achètent fréquemment des aliments bio. En France, ils sont 37 % à déclarer consommer régulièrement des produits bio. «L'offre de produits bio s'est nettement étoffée et les consommateurs ont le sentiment de se faire du bien», justifie Pascal Roussarie du Cetelem.

En revanche, les produits équitables n'ont pas encore séduit les consommateurs : seuls 10 % des Européens affirment en acheter «fréquemment». Les Britanniques sont les plus grands adeptes du concept.

La crise a également favorisé l'essor des produits d'occasion. Près de la moitié des ménages européens (47 %) juge ainsi nécessaire d'acheter des produits de seconde main. Toutefois, la donne change sensiblement d'un pays à l'autre. «Ce sont les Allemands qui achètent le plus les produits d'occasion (72 %), mais c'est en France que ceux-ci rencontrent le plus un écho favorable. Les Européens du Sud, eux, s'en méfient», explique Pascal Roussarie. Ainsi, 64 % des sondés ont acheté au moins une fois une voiture d'occasion, 60 % des produits culturels (livres, CD, jeux vidéos…) et 43 % du textile (vêtements). Une tendance qui devrait se développer.

Au cours des dix dernières années, les Français ont diminué (de plus de 3 %) leurs dépenses d'habillement, d'alimentation et de transport. Une réduction nécessaire pour faire face à l'augmentation (de 2 %) des dépenses contraintes (logement, santé…) et du budget «plaisirs» (+ 0,9 %). Malgré la crise, les Européens sont bien décidés à continuer à se faire plaisir.

Source: www.lefigaro.fr