La Grèce paralysée par la grève générale


Les syndicats se dressent contre le plan d'austérité imposé par l'UE.

Armés de banderoles, de haut-parleurs et de lunettes de soleil, les Grecs ont déclaré la guerre au plan d'austérité annoncé par le gouvernement socialiste. «Ce sont les riches qui doivent payer, et les spéculateurs», scandaient plus de 30 000 personnes dans les trois cortèges qui ont défilé mercredi à Athènes sous un soleil printanier.

L'appel à la grève générale avait été lancé par la Confédération générale des travailleurs et la Fédération des fonctionnaires. Le pays s'est retrouvé presque totalement paralysé : blocage des transports maritimes et aériens, écoles et administrations fermées, hôpitaux et tribunaux en service minimum. Des échauffourées ont éclaté entre la police et quelques centaines de jeunes, provoquant la dispersion des cortèges devant le Parlement sous des nuages de gaz lacrymogènes.

Malgré ces incidents, les syndicats parlent de «succès dans la mobilisation», pour une grève qui se veut «une mise en bouche» avant de prochains mouvements. «Il n'y a pas de justice sociale dans ce pays, s'insurge Makis Karkavela, un fonctionnaire gréviste. Nous ne laisserons pas Bruxelles nous imposer ces mesures.» Le plan d'austérité du gouvernement grec, validé par la Commission européenne en janvier, n'a qu'un seul objectif : réduire le déficit public au plus vite. Celui-ci atteint 12,7 % du PIB, un record en Europe, et doit être réduit de quatre points d'ici à la fin de l'année. Pour rassurer les marchés financiers et les partenaires européens, Bruxelles a mis la Grèce sous tutelle et exige les premiers résultats des réformes d'ici au 16 mars, date du prochain Conseil des ministres de l'Économie de l'UE.

Tension avec Berlin
Des experts de la Commission de Bruxelles, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international repartent jeudi d'Athènes après avoir examiné les comptes du pays pendant trois jours. La semaine prochaine, Olli Rehn, le commissaire européen en charge de la politique monétaire, fera le déplacement.

Ces visites agacent les Grecs, mais elles sont «nécessaires», selon un diplomate à Athènes, car «les Grecs sont approximatifs, surtout dans leurs comptes, et il faut savoir où est allé l'argent européen». La Commission a aussi saisi la justice contre la Grèce mercredi, car elle n'aurait pas récupéré des aides d'État accordées illégalement à des centaines d'entreprises.

Dans ce contexte, la marge de manœuvre du gouvernement est étroite. Pris entre ses promesses électorales et la tourmente internationale, le premier ministre Georges Papandréou s'attend à des semaines de contestation sociale.

Les deux grands syndicats se prononceront vendredi sur la suite du mouvement (les dates des 2 et 3 mars sont déjà évoquées). «Beaucoup d'Européens nous soutiennent, affirme Thanassis Leventis, député de la coalition de gauche Syriza. Ils savent que si ces mesures d'austérité sont appliquées aux Grecs, elles marqueront la fin des acquis sociaux en Europe.»

Mais le ton monte entre Berlin et Athènes. Le vice-premier ministre Théodoros Pangalos a dénoncé les critiques de l'Allemagne en évoquant l'invasion de 1941 par les nazis. Athènes, a-t-il affirmé, n'a jamais reçu d'indemnisation pour les pillages subis : «Ils ont pris les réserves d'or de la banque de Grèce et ne les ont jamais rendues. C'est un sujet qu'il faudra aborder un jour ou l'autre.»

Source: www.lefigaro.fr