La zone euro s'apprête à secourir la Grèce


Le sauvetage de la Grèce prendrait la forme d'aides bilatérales sous strictes conditions. Un accord de principe aurait été trouvé au sein de la zone euro, à deux jours du sommet de Bruxelles.

Confrontés à des attaques spéculatives contre la monnaie unique, les pays de la zone euro s'apprêteraient à voler au secours de la Grèce. D'après une source proche du gouvernement allemand, ils seraient tombés d'accord sur le principe d'aider Athènes, à la veille d'un sommet européen extraordinaire, convoqué jeudi soir, à Bruxelles. L'information n'était toutefois pas confirmée mardi à Berlin. «Les informations suivant lesquelles la zone euro a pris la décision d'aider la Grèce sont infondées», affirmait, mardi, un porte-parole du gouvernement.

Les modalités du sauvetage ne seraient pas arrêtées, mais il pourrait prendre la forme d'aides bilatérales, c'est-à-dire de prêts exceptionnels d'État à État. Plusieurs pays seraient mis à contribution, notamment l'Allemagne, première économie de la zone euro, et premier bailleur de fonds l'Union européenne. «Qu'elle soit bilatérale ou collective, l'aide à la Grèce se fera sous strictes conditions», a prévenu mardi Michael Meister, un élu du parti conservateur allemand (CDU) cité par l'agence Bloomberg.

Jusqu'ici réticente à voler au secours d'un pays qui a menti sur ses statistiques et laissé filer ses finances publiques depuis des années, l'Allemagne se retrouve contrainte d'intervenir, car c'est l'unité et la stabilité de la zone euro qui est aujourd'hui en danger. «L'Allemagne a une responsabilité particulière vis-à-vis de l'euro», a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui fera une déclaration au gouvernement aujourd'hui à Berlin sur la situation financière de la Grèce.

Trichet avance son retour
Insistantes depuis plusieurs jours, les rumeurs de sauvetage ont apaisé les marchés. L'euro, qui avait baissé à 1,34 dollar la semaine dernière, est repassé mardi au-dessus de 1,38 dollar. La Bourse d'Athènes a quant à elle clôturé en hausse 4,96 %. À Paris, le CAC 40 a terminé à + 0,15 %. Les agences de notation, très nerveuses ces derniers jours, se sont calmées. Fitch a estimé mardi qu'il n'y avait pas de raison de dégrader la note de l'Espagne, qui bénéficie toujours d'un AAA, mais se trouve affectée par contagion par la crise grecque.

Mardi matin, c'est le retour précipité de Jean-Claude Trichet en Europe qui a alimenté les spéculations d'une intervention européenne au profit de la Grèce. Le président de la Banque centrale européenne devait passer deux jours en Australie pour assister à une réunion de banquiers centraux. Il a avancé son départ pour ne pas manquer le sommet européen extraordinaire convoqué jeudi soir par le président de l'Union, Herman Van Rompuy. D'après la presse allemande, les experts de la BCE participent, en secret, depuis plusieurs jours, à des réunions avec des représentants des pays de la zone euro qui planchent sur le sauvetage de la Grèce. Deux options seraient à l'étude : les aides bilatérales sous conditions ou des garanties d'emprunts en faveur de la Grèce dans le cadre d'un fonds européen.

Les traités n'interdisent aucune de ces deux options. Tout juste entré en vigueur, le traité de Lisbonne prévoit dans son article 122-2 que «le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder sous certaines conditions, une assistance financière de l'Union à un État membre qui connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés en raison d'événements exceptionnels échappant à son contrôle».

Les attaques spéculatives des derniers jours contre l'euro, et les dettes des États membres les plus fragiles auraient été un élément déclencheur de la décision politique.