José Luis Rodriguez Zapatero, Président du gouvernement espagnol: «Ce n'est pas facile pour le gouvernement d'approuver ces décisions»


Le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé devant les parlementaires plusieurs mesures radicales dont une baisse des salaires des fonctionnaires et des membres du gouvernement de respectivement 5% et 15%. Objectif : ramener le déficit à 3% du PIB en 2013.

«Indigne d'un gouvernement qui se dit socialiste». Sur la chaîne nationale TVE, Cayo Lara, chef de file du parti Izquierda Unida (Gauche Unie), enrage. Comme lui, plusieurs parlementaires espagnols ont dénoncé le nouveau programme d'austérité présenté par le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero ce mercredi.

Au menu de cette nouvelle cure : une baisse de 5% en moyenne des salaires des fonctionnaires à partir de juin 2010 et un gel en 2011. Le premier ministre a assuré que cette coupe serait proportionnelle aux revenus: les hauts salaires de la fonction publique seront plus lourdement affectés. Les membres du gouvernement eux-mêmes vont baisser leur salaire de 15%. Sur ce volet, la presse espagnole ne manque pas de rappeler qu'en septembre dernier, le gouvernement Zapatero s'était engagé auprès des syndicats à revaloriser les salaires des fonctionnaires de 0,3% en 2010.

Le gouvernement va aussi geler la revalorisation des retraites en 2011, sauf les plus basses et les pensions non contributives. Il annonce également la suppression, au 1er janvier 2011, d'une mesure phare: le cheque-bébé. Ils s‘agissait d'un coup de pouce de 2.500 euros accordé pour toute naissance ou adoption d'enfant.

L'exécutif socialiste va aussi réduire de 600 millions d'euros l'aide au développement en 2010-2011, un domaine dans lequel il se voulait à la pointe des pays riches. L'investissement public sera quant à lui diminué de 6,045 milliards d'euros d'ici 2011. L'Etat demande également aux régions et aux municipalités de faire 1,2 milliard d'euros d'économies supplémentaires.

Toutes ces mesures doivent être votées par le Conseil des ministres vendredi 14 mai pour une application immédiate. Elles devraient permettre d'économiser 15 milliards d'euros (5 milliards en 2010 et 10 milliards en 2011) en plus des 50 milliards d'euros envisagés lors du premier plan d'austérité. Objectif à terme : ramener les déficits publics de 11,2% du PIB en 2009 à 3% du PIB en 2013.

Les marchés réagissent très favorablement à ces annonces. Vers 11h20, l'indice Ibex de la Bourse de Madrid grimpe de 1,47% à 10.156 points. En revanche, les syndicats ne décolèrent pas. Le CCOO, l'une des organisations syndicales la plus importante du pays, dénonce des mesures «qui n'ont aucun effet sur la sortie de crise» et qui «remettent en question le dialogue social». Pour le secrétaire général du CCOO de Catalogne, Joan Carles, «le problème ne passe pas par la réduction du salaire des fonctionnaires mais par la réforme du système financier et la mise en place d'une réforme fiscale qui garantissent des recettes publiques suffisantes pour mener les politiques publiques nécessaires».

Sous la pression
«Ce n'est pas facile pour le gouvernement d'approuver ces décisions», a reconnu José Luis Rodriguez Zapatero devant les parlementaires. Mais dimanche, lors du sommet de l'Eurogroupe, il s'était engagé à prendre des mesures supplémentaires d'austérité pour diminuer de façon drastique les déficits publics de son pays. Les économies attendues des 15 milliards d'euros devraient justement permettre de réduire les déficits d'un demi-point de PIB supplémentaire en 2010 et d'un point en 2011.

Il y a une semaine encore, le gouvernement socialiste excluait toute nouvelle mesure d'austérité. Mais l'Espagne est désormais sous la pression de Bruxelles et des marchés qui craignent une contagion des problèmes grecs au pays. Le gouvernement de Zapatero assiste à la dégradation des finances publiques et est confronté à un paysage social déjà sinistré par un taux de chômage supérieur à 20% de la population active.

Croissance timide
Le gouvernement a reconnu que ces mesures affecteraient de «quelques décimales à la baisse» la croissance de l'économie espagnole en 2011. Madrid tablait sur une croissance du PIB de 1,8% en 2011, une prévision supérieure à celles du FMI et de la Commission européenne.

Ce mercredi, l'Institut national espagnol des statistiques a annoncé que l'économie espagnole a crû pour la première fois en près de deux ans au premier trimestre. Le Produit intérieur brut (PIB) espagnol a enregistré une croissance trimestrielle de 0,1% pour les trois premiers mois de l'année, après s'être soit contracté, soit stagné, lors des sept trimestres précédents. Ce chiffre rejoint celui annoncé la semaine dernière par la Banque d'Espagne. Au dernier trimestre 2009, l'économie espagnole s'était contractée de 0,1%.

Source: www.lefigaro.fr