Le PS progresse au détriment de l'UMP


La gauche gagne trois à six départements, la droite conquiert le Val-d'Oise. Le FN n'a que deux élus.

Une gauche plus que jamais dominante dans les territoires, un Front national en progression mais en mal d'élus et une majorité en proie au doute. Tels sont les enseignements que l'on pouvait tirer dimanche soir à l'issue du second tour des cantonales. Des résultats qu'il faudra toutefois lire en prenant en compte le niveau record d'abstention qui s'est confirmé au second tour.


Au niveau national, le PS et ses alliés ont confirmé leur bonne santé constatée au premier tour en réunissant 49,9% des suffrages. En son sein, le Parti socialiste, à lui seul, totalise 35,74% des suffrages. Le recul du PS (deux points par rapport à 2004) profite à ses alliés du Front de gauche (5,1%) et d'Europe Écologie (2,6%). Au final, la gauche manque de peu de renouveler son excellent résultat de 2004 quand elle avait réuni 51% des voix dans une véritable vague rose. De toute évidence les reports de voix internes à la gauche ont joué à plein et permettent à l'opposition d'ajouter encore plusieurs départements aux 58 dont ils présidaient déjà la destinée.

La progression du FN atteint les 11,6%

Avant 20 heures, et alors que les bureaux de vote étaient déjà fermés depuis près de deux heures, le Parti socialiste se réjouissait de la conquête de deux départements où, jusqu'à dimanche , majorité et opposition étaient à égalité: le Jura et les Pyrénées-Atlantiques. À ces premières victoires, se sont ajoutées, au cours de la soirée, celles de la Savoie, avec l'appui de non-inscrits, et, dans les territoires d'outre-mer, de Mayotte et de la Réunion. Ces résultats devront cependant être confirmés au troisième tour, avec l'élection des présidents qui doit intervenir jeudi. Un dernier département pourrait enfin basculer à gauche, la Loire, où quatre sans-étiquette départageront gauche et droite.

La progression du FN, qui atteint les 11,63% au niveau national, est plus amère puisqu'il ne remporte que deux élus contre les dizaines qu'il escomptait. Présents au second tour dans 403 cantons, les candidats FN réalisent une moyenne de 45,1% des suffrages. Mais deux candidats seulement sont parvenus à passer la barre des 50% selon les résultats dont nous disposions à 23h 30. Steeve Briois et Louis Aliot, deux grands espoirs du FN, ont été battus.

À droite, toute la soirée, on a tenté de minimiser la défaite. À l'appui de cette démonstration, la bonne tenue de la majorité dans plusieurs départements que la gauche visait: la Charente-Maritime, présidée par l'ancien ministre Dominique Bussereau, la Côte-d'Or, le Rhône ou la Sarthe, département de François Fillon, dont le sort avait une vertu symbolique.

L'UMP réalise l'un de ses plus mauvais scores en ne réunissant sur le nom de ses candidats que 20,32% des suffrages. Le cumul des voix qui se sont portées sur des candidats de la majorité, toutes étiquettes confondues, atteint 36%, près de sept points de moins qu'au second tour des cantonales de 2004.

Valeur symbolique

Une nouvelle, seulement, est venue mettre du baume au cœur de la droite: la prise du département du Val-d'Oise. La conquête était pressentie depuis l'année dernière puisqu'une élection partielle avait vu la majorité basculer à droite déjà. Restait à faire tomber le président socialiste, Didier Arnal, ce qui est fait depuis dimanche soir. Il devrait être remplacé par le maire de Franconville, Arnaud Bazin. Cette prise, surtout, a une valeur symbolique puisque Dominique Strauss-Kahn était élu du Val-d'Oise avant de prendre la direction du FMI. À l'inverse, les espoirs de conquête en Seine-et-Marne (département de Jean-François Copé), en Corrèze ou dans la Somme ont, eux, fait long feu.

L'hégémonie de la gauche sur les territoires demeure cependant la règle. Déjà à la tête de 21 des 22 régions depuis les régionales 2010, le PS et ses alliés confortent leur emprise dans les départements puisqu'ils devraient se retrouver à la tête de 60 à 64 départements au moment de l'élection de leurs présidents jeudi, contre 38 à 42 départements pour la droite. En 1992, la droite contrôlait 20 régions et 75 départements.

Record d'abstention au second tour

Le sursaut n'a pas eu lieu. Plus de la moitié des électeurs appelés dimanche aux urnes pour élire 1566 conseillers généraux ne se sont pas déplacés au second tour des cantonales. À 23 heures, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant faisait état d'une participation «à moins de 46%». «La plus faible participation jamais enregistrée» pour ce type de scrutin, a indiqué le ministre.

L'abstention est la grande gagnante de ces élections cantonales. Avec 55,03%, son niveau au second tour est légèrement inférieur au taux d'abstention de 55,6% enregistrés lors du premier tour, le 20 mars. Mais très supérieur à celui qui avait été enregistré au second tour des cantonales 2004 (33,51%) et de 2008 (44,53%). Il est vrai que ces précédentes élections étaient couplées aux régionales en 2004 et aux municipales en 2008.

Au terme d'une semaine où il a beaucoup été question des cantonales, les électeurs ont à nouveau choisi de ne pas se mobiliser, en dépit de leur attachement au département. Pour doper la participation à ce type d'élection, le président PS du conseil général de la Corrèze, François Hollande, a proposé de «changer les règles des scrutins pour les élections territoriales» et de «regrouper le même jour tous les scrutins: municipal, départemental et régional». Ce sera, de toute façon, le cas en 2014.

Anne Rovan

Source: www.lefigaro.fr