L'UE tente d'apaiser les craintes sur l'Espagne





Elle fait chuter les Bourses et trembler les investisseurs. La situation économique de l'Espagne inquiète de plus en plus, alors que les taux auxquels le pays se finance sur les marchés frôlent désormais les 6 % - un niveau jugé difficilement soutenable dans la durée, quand ceux de l'Allemagne flirtent au contraire avec leur plus bas niveau historique, autour de 1,6 %.

Après avoir provoqué un accès de panique, mardi 10 avril, sur les marchés financiers, l'Espagne veut rassurer. En face, les dirigeants européens multiplient les déclarations et saluent les efforts consentis par Madrid, tout en restant fermes sur la nécessité de les mener à bien.

Le gouvernement espagnol appelle les dirigeants européens à la "prudence"
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a appelé mercredi les dirigeants européens à être "prudents" dans leurs déclarations sur l'Espagne.

"Nous avons tous nos problèmes et nous travaillons pour trouver une solution aux nôtres mais aussi pour aider la zone euro" et "nous attendons que les autres fassent de même", a-t-il déclaré devant les députés de son parti.

La BCE met en garde contre la situation "fragile" des marchés financiers
Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a estimé mercredi que la situation sur les marchés ne reflétait pas "les fondamentaux" de l'économie espagnole. Pour lui, il n'y a donc aucune raison pour que la situation ne se normalise pas, d'autant qu'il y a une volonté politique de résoudre la crise. Par ailleurs, il n'a pas exclu d'éventuels nouveaux rachats de titres de dette espagnole par l'institution de Francfort.

M. Coeuré a toutefois souligné que "la situation des marchés financiers a atteint un tournant mais les évolutions des derniers jours ont montré combien elle demeure fragile". Pour autant, si la BCE a fait son possible pour éviter sa propagation - en accordant notamment deux prêts à long terme à des conditions avantageuses aux établissements bancaires -, il n'appartient pas à l'institution monétaire de résoudre les causes de la crise, a-t-il expliqué.

La Commission européenne exclut un plan d'aide financière
La Commission européenne a une nouvelle fois assuré que l'Espagne n'aurait pas besoin d'un plan d'aide pour soulager son secteur bancaire notamment, en grande difficulté.


Olivier Bailly, un porte-parole de la Commission européenne, a également tenu à rappeler les efforts consentis par la quatrième économie de la zone euro, comme "la très importante réforme du marché du travail". Elle avait déjà salué la veille les grandes lignes du budget 2012, ainsi que les mesures d'économies qui viennent d'être annoncées dans les secteurs de la santé et l'éducation et visent à économiser 10 milliards d'euros.

Berlin souligne "les énormes efforts" consentis par Madrid
Un porte-parole du ministère des finances allemand a "regretté" mercredi que "les marchés ne reconnaissent pas à leur juste valeur les énormes efforts de réforme" de l'Espagne.

Il a fait valoir lors d'une conférence de presse que les taux espagnols restaient "inférieurs aux records de novembre dernier" et qu'il "faudrait du temps" avant que toutes les réformes annoncées par Madrid ne fasse effet. "L'Espagne va mieux que beaucoup d'autres pays", a encore estimé le porte-parole.

Paris salue la politique de M. Rajoy, "courageuse" et "nécessaire"
"Nous jugeons les craintes qui s'expriment aujourd'hui sur la santé économique de l'Espagne excessives", a jugé mercredi la porte-parole du gouvernement et ministre du budget, Valérie Pécresse. "Nous pensons que le gouvernement de Mariano Rajoy est en train de mener une politique de réforme structurelle courageuse, nécessaire, qui est de nature à améliorer la croissance potentielle de l'Espagne et à provoquer le redressement espagnol", a-t-elle ajouté.

"Il est évident que les inquiétudes qui s'expriment sur l'Espagne viennent essentiellement du fait que l'Espagne, qui devait l'année dernière réduire son déficit à 6 %, n'a pu (...) réaliser son équilibre budgétaire qu'à 8 %", a poursuivi Mme Pécresse.

Le calme après la tempête ?
Les taux des obligations des pays fragiles de la zone euro reculaient nettement mercredi, au lendemain d'une forte tension. A la mi-journée, les taux espagnols à 10 ans baissaient à 5,812 % après s'être rapprochés du seuil psychologique des 6 %, à 5,96 %.


Cette accalmie a profité aux actions. La Bourse de Paris est ainsi parvenue à rebondir modestement (+0,62 %), encouragée par une ouverture favorable de Wall Street, dans une séance dépourvue d'indicateurs majeurs. "C'est un rebond mais toujours avec la même préoccupation qui est celle des taux obligataires", remarque Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.

Source: www.lemonde.fr