TGV: Barcelone reliée à la France par une ligne ferroviaire à grande vitesse




Avec huit ans de retard sur le calendrier initial, la ligne de train à grande vitesse qui unit Barcelone à la frontière française est entrée en fonctionnement ce mercredi 9 janvier. L’ouverture du tronçon entre la capitale catalane, Gérone et Figueres, qui a coûté 3,7 milliards d’euros à l’Espagne, “ouvre la porte de l’Europe à l’Espagne”, s’est félicité le chef du gouvernement Mariano Rajoy lors de l’inauguration officielle qui avait lieu la veille. Mais pour le président catalan, Artur Mas, défenseur de l’indépendance de la Catalogne, en froid avec Madrid, elle n’est que “justice”. Elle permet de réparer “une erreur comise il y a 150 ans,” a commenté pour sa part le ministre catalan du territoire, Santi Vila. A l’époque, le réseau ferroviaire conventionnel espagnol avait choisi une largeur de voie différente du reste des pays européens, ce qui a empêché la circulation transfrontalière des trains espagnols. Pour se rendre en France, il était ainsi nécessaire de changer de train à la frontière.

En construisant enfin la ligne de grande vitesse entre Barcelone et Figueres, avec une largeur de voie internationale, l’Espagne est enfin connectée directement avec le reste de l’Europe, même si, au moins jusqu’en avril, tant qu’un accord n’aura pas été signé entre Renfe, l’opérateur ferroviaire espagnol, et la SNCF, il sera toujours nécessaire de changer de train à Figueres.

L’Espagne devance la France et occupe la première place en Europe en kilomètres de lignes ferroviaires à grande vitesse : plus de 3000km. Mais ses trains sont aussi réputés pour rouler souvent à moitié vide. Et l’obsession pour doter le pays de ligne d’AVE(l’équivalent du TGV) défie souvent les questions de rentabilité et d’utilité publique. D’autant plus que le transport de marchandises, de son côté est délaissé, alors que les exportations sont le seul secteur, avec le tourisme, à afficher un comportement positif dans la crise.

Le port de marchandises de Barcelone, malgré un investissement de près de 500 millions d’euros du groupe chinois Hutchinson pour son agrandissement, finalisé en 2012, n’est toujours pas relié correctement au réseau ferroviaire, malgré les promesses du gouvernement central de construire un nouvel accès. Or les exportations catalanes ont ainsi augmenté de 5,16% sur les neuf premiers mois de l’année 2012 et représentent 27,3% du total des exportations espagnoles. Or seul 5% du transport des marchandises qui arrivent au port catalan se fait par voie ferrée, contre 95% par la route. Pis, au sud de Barcelone, à Tarragone, important pôle chimique, les voies ont encore la largeur ibérique, ce qui freine, selon des sources du ministère du territoire, les investissements de groupes internationaux comme Bayer, BASF ou Dow Chemical. Autant de griefs qui nourrissent le discours indépendantiste catalan.

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