Corruption : Rajoy promet de publier ses revenus



Répliquant aux accusations de corruptions qui soulèvent une vague d'indignation dans le pays, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a nié samedi 2 février avoir reçu de l'argent indûment et annoncé qu'il allait rendre publics ses revenus.
"Je n'ai jamais reçu d'argent au noir", a déclaré Mariano Rajoy devant la direction de son parti réunie en urgence à Madrid, pendant qu'à l'extérieur, des groupes de manifestants criaient "démission". "Si certains imaginent que face au harcèlement je vais abandonner la tâche que les Espagnols m'ont confiée, je tiens à leur dire qu'ils se trompent", leur a répondu le chef du gouvernement. "Mes déclarations de revenus et de patrimoine seront mises à la disposition de tous les citoyens dès la semaine prochaine", a-t-il ajouté en promettant "la plus grande transparence".


Le nom de Mariano Rajoy est apparu jeudi, cité par le quotidien El Pais, parmi les bénéficiaires présumés de salaires occultes qui auraient été versés pendant des années à plusieurs dirigeants du Parti populaire, de droite, qu'il préside depuis 2004.

Un coup de tonnerre dans une Espagne ébranlée par la multiplication des cas de corruption : après différents scandales ayant révélé des pratiques courantes chez nombre d'élus locaux, les soupçons se portent maintenant sur des dirigeants nationaux.

Brandissant des enveloppes, nouveau symbole de l'indignation populaire, des centaines de manifestants se sont relayés depuis jeudi à Madrid devant le siège du PP. A la mi-journée, une pétition lancée deux jours plus tôt sur la plateforme Change.org, pour réclamer la démission de Mariano Rajoy, avait recueilli plus de 650 000 signatures.





Mariano Rajoy a pris la tête du gouvernement à la fin 2011, succédant aux socialistes balayés par les turbulences de la crise économique. Jouant sur une image de sérieux, il avait alors promis de redresser le pays. "Nous ne devons pas permettre que les Espagnols, auxquels nous demandons tant de sacrifices et de renoncements, puissent avoir l'impression que nous ne faisons pas preuve de la plus stricte intégrité", a-t-il assuré samedi. "Je n'ai pas décidé de faire de la politique mon métier pour gagner de l'argent", a-t-il dit. "J'ai perdu de l'argent, mais il se trouve que pour moi l'argent n'est pas le plus important".

"L'affaire Barcenas" a explosé comme une bombe, le 18 janvier : le quotidien de centre droit El Mundo affirmait alors que Luis Barcenas, ancien trésorier du PP, avait distribué pendant deux décennies des enveloppes contenant entre 5 000 et 15 000 euros à des dirigeants du parti en complément de leurs salaires officiels, provenant d'entreprises privées. Selon El Mundo, Mariano Rajoy n'a jamais touché ces enveloppes et avait ordonné de mettre fin à cette pratique en 2009.

Mais jeudi, El Pais, de centre gauche, allait plus loin en publiant des photos de comptes manuscrits prétendûment établis entre 1990 et 2008 par Luis Barcenas et par un autre trésorier du PP, Alvaro Lapuerta. Selon ces documents, écrivait le journal, l'actuel chef du gouvernement aurait perçu, entre 1997 et 2008, des "paiements pour un total de 25 200 euros par an", sous forme de dons émanant de chefs d'entreprises. Les noms d'autres hauts responsables du parti comme Dolores de Cospedal, sa numéro deux, ou Rodrigo Rato, l'ex-président de Bankia, figurent aussi sur les tableaux.

Source: www.lemonde.fr