TGV : la SNCF baisse ses prix pour faire revenir les voyageurs




Vingt euros en promotion l'aller-retour TGV Lille-Paris le samedi. Trente euros l'aller-retour Paris-province pour les distances de 2 heures toujours le samedi... A partir du 19 juin, la SNCF lance une nouvelle offre à petit prix pour remplir ses trains le samedi, voire le dimanche durant les deux mois d'été. Et ce en complément de son offre "low-cost" Ouigo et de l'ensemble de ses cartes de réduction.
Si la compagnie nationale a présenté, mardi 21 mai, cette nouvelle offre, ce n'est pas un hasard. C'est une sorte de gage que souhaite donner Barbara Dalibard, la patronne de la branche Voyages de l'entreprise publique, au grand public, aux associations d'usagers et aux élus locaux qui critiquent le coût de la grande vitesse française.

Dans un long plaidoyer technique devant la presse, Mme Dalibard a souhaité répondre aux critiques sur le coût des billets.

Elle a ainsi expliqué que l'évolution des tarifs TGV a été, stricto sensu, moins forte que celle de l'inflation dès 2012. Et que si, au final l'an passé, les voyageurs ont malgré tout constaté une augmentation des prix de leurs billets, au-delà du palier de l'inflation, c'est parce que la SNCF a dû répercuter la hausse de la TVA de 1,7 point.

Cette année, les tarifs progressent moins vite que l'inflation, assure Mme Dalibard.

GARANTIE DE COUVRIR SES COÛTS FIXES

"Seuls 17 % des billets vendus depuis le début de l'année sont plein tarif", a par ailleurs assuré la dirigeante. Un billet sur cinq qui est vendu bénéficie d'un tarif social, près d'un billet sur deux d'une réduction liée à une carte commerciale, tandis qu'un sur six est un Prem's, le prix le moins cher.

Selon Mme Dalibard, le volume de billets à "petits prix" a augmenté de 30 % depuis 2012, soit 2,4 millions de billets mis en ventes cette année.

Cela ne veut toutefois pas dire que ces "petits prix" sont accessibles de manière étale dans tous les TGV.

En effet, afin de remplir au maximum ses trains - une garantie de couvrir ses coûts fixes - la SNCF offre à la vente les billets aux prix les plus attractifs très en avance, ainsi que sur les trains hors des heures de pointe.

"Si à 17 heures, le vendredi, le nombre de billets à petit prix est faible, c'est que notre objectif est de lisser le plus possible la pointe et de remplir nos autres trains, avant et après cette heure critique, clarifie Mme Dalibard. Nous sommes une entreprise de réseau, comme EDF, et nos capacités sont limitées. Il faut donc donner des incitations pour utiliser nos capacités hors des heures de pointe. EDF offre le tarif nuit, moins cher, par exemple."

CONTRE LES ACCUSATIONS DE PRIVILÉGIER LES PARISIENS

De même, la SNCF s'inscrit en faux contre les accusations de privilégier les Parisiens aux détriments des habitants en régions. "Les tarifs Paris-province sont identiques aux tarifs Province-Paris", se défend Mme Dalibard.

Et si elle consent augmenter ses prix en période de très haute saison par rapport à une période normale, cette augmentation est limitée : le prix moyen d'un billet est de 57 euros lors du premier week-end de mars, contre 50 euros en moyenne un week-end normal.

Enfin, Mme Dalibard reconnaît que, plus la distance parcourue est longue, moins le tarif au kilomètre est important. "C'est relativement simple à comprendre. Sur une longue distance, notre coût de production décroît selon l'utilisation des ressources, estime-t-elle. Pour une voiture ou un avion, c'est exactement la même chose. Si vous faites 10 000 kilomètres de voiture, vous paierez 28 centimes du kilomètre, contre 18 centimes pour 25 000 kilomètres parcourus dans cette même voiture."

Pas sûr que cela suffise à rassurer des voyageurs dont le pouvoir d'achat diminue avec l'approfondissement de la crise économique. D'ailleurs, au premier trimestre, la fréquentation du TGV est en retrait, tandis que la fraude ne cesse d'augmenter.

Source: www.lemonde.fr