Espagne : une chaîne humaine pour l'indépendance catalane



Les indépendantistes sont toujours là. Un an après la manifestation monstre dans les rues de Barcelone, les partisans de la sécession de la Catalogne ont réussi une nouvelle démonstration de force. Malgré la pluie intermittente, 400 kilomètres, du nord au sud de la région, ont été couverts d'une chaîne humaine. Des centaines de milliers de personnes, revêtues souvent d'un tee-shirt jaune. Le vêtement, vendu 12 euros, doit permettre de financer l'organisation de la Via Catalana (la voie catalane), selon la plate-forme à l'origine de l'initiative, l'Assemblée nationale catalane.
En tee-shirt, ou, majoritairement, en sang et or, comme les couleurs de la senyera, le drapeau catalan de quatre bandes rouges sur fond jaune. Le deuxième maillot du Barça, qui reprend les couleurs de la senyera, fait fureur chez les jeunes. Tout est symbole national ce mercredi: drapeaux, innombrables bien sûr, mais aussi hymnes patriotiques et sardanas (la danse régionale, qui se pratique en groupe et en cercle).
Une réclamation simple

L'heure même de l'événement n'est pas due au hasard: le cri d'«independencia» s'est élevé à 17 h 14, comme le 11 septembre 1714, le jour où Barcelone céda face au siège des troupes des Bourbons dans la guerre de succession espagnole. La fête nationale, la Diada, est désormais la fête des indépendantistes, au grand dam des partisans de la Catalogne espagnole.
Leur réclamation est simple: l'indépendance, par référendum, un scrutin qui selon eux devrait coïncider avec le tricentenaire de la fête nationale en 2014. José, 56 ans, dit en avoir assez que «l'Espagne spolie les Catalans» et veut pouvoir «décider de son futur». Des mots qui font écho au discours du président régional de la Catalogne, sans que l'on sache vraiment qui, des politiques ou des électeurs, court derrière qui. Depuis la dernière Diada en 2012, Artur Mas (Convergencia i Unio, CiU, nationalistes de centre droit) a enfourché le cheval de l'indépendantisme. Après avoir cédé du terrain face aux indépendantistes radicaux d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) lors d'élections qu'il avait lui-même décidé d'avancer, le président catalan reconduit n'en démord pas.
«L'idée est d'organiser un référendum ou une consultation en 2014, confirme Mas lors d'une rencontre avec la presse internationale. Nos services ont établi quatre formules légales pour organiser un tel scrutin. Si l'État ne nous autorise aucune voie, nous utiliserons notre dernière ressource: donner un caractère plébiscitaire aux élections régionales, prévues en 2016.» En somme, les partis favorables à l'indépendance centreraient leur programme sur ce point et interpréteraient les résultats des élections comme ceux d'un référendum.
Toutefois, Mas a ouvert la porte à une définition négociée du contenu de l'hypothétique scrutin. Interrogé sur la possibilité de négocier une amélioration des relations financières entre la Catalogne et le reste de l'Espagne, le président catalan a jugé que ce ne serait pas suffisant, «à moins que l'État espagnol n'en fasse une proposition qu'il soumettrait au vote des Catalans». Le référendum, a nuancé Mas, devrait toutefois prévoir l'option d'un «État en propre», l'euphémisme habituel de CiU pour parler d'indépendance.

Source: www.lefigaro.fr