Espagne : la fille du roi inculpée de fraude fiscale




Le roi Juan Carlos, qui vient de fêter ses 76 ans, entame mal l'année. Sa fille cadette, l'infante Cristina, vient d'être inculpé par le tribunal de Palma de Majorque pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux. La justice espagnole l'a convoquée pour le 8 mars.
Cette mise en examen s'inscrit dans le cadre de l'enquête pour corruption qui vise Iñaki Urdangarin, l'époux de Cristina, et écorne sévèrement l'image de la monarchie. Depuis trois ans, la popularité de Juan Carlos n'a cessé de chuter, en grande partie sous l'effet de cette affaire impliquant son gendre.

Le juge José Castro, du tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares, qui enquête depuis 2010 sur cette affaire, est passé outre à l'opposition du parquet pour inculper Cristina, âgée de 48 ans, pour « délits fiscaux présumés et blanchiment de capitaux ». Au printemps 2012, le juge avait mis en examen une première fois l'infante, à l'époque pour trafic d'influence, mais cette décision avait été annulée à la suite d'un recours du parquet.

Le juge cherche à établir si la fille du roi a des liens avec les activités frauduleuses présumées de son époux. Ce dernier, un ancien champion olympique de handball reconverti en homme d'affaires, âgé de 45 ans, est soupçonné d'avoir détourné 6,1 millions d'euros d'argent public avec son ancien associé, Diego Torres, alors qu'il présidait, entre 2004 et 2006, une société à but non lucratif, l'institut Noos.

UNE MAJORITÉ D'ESPAGNOLS VEULENT QUE LE ROI ABDIQUE

Selon un sondage publié dimanche par El Mundo, 62 % des Espagnols souhaitent que le roi abdique et à peine un sur deux soutient désormais la monarchie, mais une large majorité est favorable, en revanche, au prince héritier Felipe.

Au printemps 2012, le roi avait adressé aux Espagnols des excuses publiques alors qu'il venait d'être hospitalisé après une chute lors d'une partie de chasse à l'éléphant au Botswana, un coûteux voyage qui avait choqué le pays, plongé dans la crise. Le roi, né le 5 janvier 1938, a également souffert depuis 2010 de multiples ennuis de santé qui ont contribué à soulever des interrogations dans le pays sur l'avenir de son règne. Il a été vu lundi lors d'une cérémonie militaire visiblement fatigué et appuyé sur des béquilles. Il s'agissait de sa première apparition en public depuis une opération de la hanche, le 21 novembre.

Juan Carlos bénéficiait auparavant d'une large popularité auprès des Espagnols, reconnu comme le souverain qui a œuvré pour la transition démocratique après la fin de la dictature franquiste. Désigné comme son successeur par Francisco Franco, il était monté sur le trône le 22 novembre 1975, deux jours après la mort du dictateur.

Source: www.lemonde.fr