Qatar: la crise dans le Golfe résumée en 4 points




Retour sur quatre aspects de la crise, alors qu'Erdogan a réitéré son soutien au petit émirat ce dimanche, critiquant les conditions de levée du blocus formulées par les pays du Golfe.

C'est la plus grave crise diplomatique au Moyen-Orient depuis des années. Mis au ban diplomatique par Ryad et ses alliés, le Qatar, pays gazier parmi les plus riches du monde, est accusé de "soutenir le terrorisme". Alors que Recep Tayyip Erdogan a critiqué ce dimanche l'ultimatum des pays du Golfe fait au petit émirat, retour en quatre points sur l'escalade des tensions.

La rupture des liens diplomatiques


Le 5 juin, l'Arabie saoudite, l'Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis mettent un terme à leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Une décision assortie de mesures économiques, comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes, les interdictions de survol et des restrictions sur le déplacement des personnes. Le pays est exclu de la grande coalition militaire arabe dirigée par Ryad.

Le Qatar est mis au ban. Officiellement, il est accusé par l'Arabie saoudite et ses alliés de "soutien au terrorisme", autrement dit d'être en lien avec les organisations djihadistes Al-Qaïda, le groupe État islamique (EI) et les Frères musulmans, confrérie soutenue par le Qatar pendant les printemps arabes et considérée comme une organisation terroriste par les autres pays du Golfe.

Les raisons et les conséquences du blocus


Derrière cette déstabilisation, on trouve la volonté de l'Arabie saoudite d'étendre son influence sur la région, de même que celle d'attirer l'attention des États-Unis, expliquait à L'Express Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Moyen-Orient, au début de la crise.



"L'objectif pour l'Arabie saoudite et ses alliés est de faire comprendre aux États-Unis qu'ils sont les partenaires à privilégier pour combattre le terrorisme", disait-il. De fait, la rupture des relations avec le Qatar se produit quinze jours après une visite à Ryad du président américain Donald Trump, qui a demandé aux pays musulmans d'agir de manière décisive contre l'extrémisme religieux.

Les premières conséquences pleuvent: l'Égypte et six compagnies aériennes du Golfe suspendent des vols sur Doha. En retour, la compagnie aérienne Qatar Airways suspend elle aussi tous ses vols à destination de l'Arabie Saoudite, de l'Égypte, des Émirats Arabes Unis et de Barheïn. Les supermarchés sont pris d'assaut, de peur d'une pénurie alimentaire. Les locaux de la chaîne qatarie Al-Jazeera sont fermés par les autorités saoudiennes à Ryad.

Les conditions posées par Ryad et ses alliés



Le 22 juin, l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis et le Bahreïn posent treize conditions pour mettre fin au blocus qu'ils ont imposé au petit émirat. Parmi celles-ci, la réduction de ses relations avec l'Iran, la fermeture de la chaîne Al-Jazeera, dont la ligne éditoriale est jugée par ses détracteurs trop favorable aux islamistes, ainsi que celle de la base militaire turque sur son sol.

La liste de ces exigences est transmise à Doha par le médiateur koweïtien et dix jours sont donnés au petit pays gazier pour satisfaire ces demandes. La chaîne de télévision qatarie, longtemps source de conflit entre Doha et ses voisins, réagit en dénonçant une atteinte à la liberté d'expression.


Dans les 13 demandes qui lui ont été remises, le Qatar est aussi appelé à expulser les membres ou les éléments liés aux Gardiens de la révolution, armée d'élite de la République islamique d'Iran, se trouvant sur son sol, rapportent des médias. Il devrait aussi rompre toute coopération militaire ou dans le domaine du renseignement avec Téhéran.

Le Qatar a jugé cette liste "déraisonnable". La liste n'est "pas destinée à combattre le terrorisme mais à empiéter sur la souveraineté du Qatar et à s'ingérer dans sa politique étrangère", a déclaré samedi le directeur du bureau de communication gouvernemental, cheikh Saif ben Ahmed Al-Thani.

La Turquie prend la défense de Doha

Depuis le début de la crise, Recep Tayyip Erdogan s'affiche comme le principal défenseur de Doha, rejetant les accusations de soutien au terrorisme. "S'efforcer d'isoler un pays dans tous les domaines [...] est inhumain, contraire [aux valeurs de] l'islam", déclare le président turc, lors d'un discours retransmis à la télévision le 13 juin. "Je pense qu'en tant qu'aîné du Golfe, le roi d'Arabie saoudite devrait résoudre cette affaire, faire preuve de leadership", a-t-il ajouté.

Ce dimanche, Erdogan a réitéré son soutien au Qatar, critiquant l'ultimatum posé par les pays du Golfe pour lever l'embargo. Il s'agit "d'une attaque contre les droits souverains d'un pays", a-t-il dit. "Nous soutenons [la position du Qatar] parce que nous considérons que la liste de 13 demandes est contraire au droit international", a déclaré le chef de l'État turc, cité par l'agence gouvernementale Anadolu.

La Turquie a en outre commencé à envoyer au Qatar par avion et par mer des denrées alimentaires.

Source: lexpress.fr